Nouvelle Aube : Tome 1, La source (French Edition) by Marilyne Weiss

Auteur:Marilyne Weiss [Weiss, Marilyne]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2023-12-05T23:00:00+00:00

CHAPITRE 23

AOÛT

ALYSON

Jour 131

— Déjà visitée… déjà visitée… déjà visitée…

— Non, contredis-je Jonathan en écrasant la pédale de frein, regarde au fond du chemin, l’allée dessert une seconde maison. On ne l’a pas encore visitée, celle-ci.

Il réfléchit et approuva :

— Pas encore visitée.

— Pas encore visitée, confirma Ludo.

Je bifurquai dans le chemin résidentiel et dépassai la première maison pour franchir le portail de la seconde.

En l’espace de cinq mois, nous avions écumé la majorité des résidences qui entouraient Saint-Antoine. Celle-ci ressemblait à une vieille ferme défraîchie qui ne payait pas de mine, sans doute la raison pour laquelle nous l’avions ignorée les fois précédentes. Je manœuvrai dans la cour et m’alignai contre le mur latéral, prête à repartir.

La bâtisse était composée d’un foyer principal et de deux granges attenantes où s’empilait tout un tas de machines et d’outils destinés aux travaux agricoles. La façade avant était bordée d’un jardinet qui devait être déjà en friche dans la vie A.G.T.

La porte d’entrée n’était pas verrouillée, ce qui laissait présager une odeur de soufre ainsi qu’une forte probabilité de découvrir des scènes glauques, telle une table dont le couvert dressé attendait depuis des mois qu’on veuille bien l’utiliser, ou encore un berceau contenant un tas de poussière dans une gigoteuse. Jonathan, Ludo et moi faisions partie des survivants qui géraient relativement bien ces sinistres découvertes. Aujourd’hui, Franck, un cinquantenaire discret et sympathique, s’était joint à nous.

— Je vais inspecter les granges, déclara ce dernier.

— Bien, ne vous éloignez pas.

Je passai la porte, flanquée de Jonathan et Ludo. Comme d’ordinaire, l’odeur était tenace malgré les mois qui s’étaient écoulés.

Le rez-de-chaussée comportait une pièce unique faisant office de salon, cuisine et buanderie, et accessoirement de ménagerie si j’en croyais les cinq gamelles alignées et le canapé recouvert de poils d’animaux. Le sol était carrelé de tomettes rouges fissurées qui paraissaient dix siècles plus âgées que le mur décrépit. Une longue table cernée de deux bancs occupait presque la moitié de la pièce.

— Je monte à l’étage, informa Ludo.

— Cuisine pour moi, indiqua Jonathan.

Nous ressemblions à une bande de cambrioleurs organisés. Nous réquisitionnions principalement la nourriture, les médicaments, et divers objets tels que les outils, le papier toilette ou les armes.

— Tiens, dit Jonathan, me tendant une boîte métallique, il y a des antalgiques là-dedans.

Je fourrai les comprimés dans un sac à dos tandis qu’il s’approchait dangereusement du réfrigérateur.

— Rassure-moi, demandai-je, tu n’as pas l’intention d’ouvrir ce truc ?

— Pourquoi pas ? On ne sait jamais.

— Tu ne trouves pas que ça schlingue déjà assez comme ça ?

N’étant plus alimentés en électricité depuis des mois, les réfrigérateurs étaient devenus des nids à moisissures, favorisant le développement de bactéries et d’asticots, qui eux-mêmes avaient péri, puis moisis avant d’engendrer d’autres asticots. En clair, cela se résumait à une interminable chaîne de la vie qui grouillait tout en se nourrissant de ses propres cadavres. Dans le genre dégueu…

Je ne sais pas s’il lut tout ça sur mon visage, mais Jonathan se ravisa et lâcha la poignée du réfrigérateur.

Dans la partie cuisine,

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